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La paysannerie face aux dérèglements climatiques

Publié le : 8 novembre 2019

Comment faire face au changement climatique ? Comment accompagner les nouvelles pratiques agricoles ? Quels rôles jouent les AMAP dans cette transition ? Jean-François Colin, administrateur du réseau AMAP AURA nous fait part de sa réflexion.

Devant le changement climatique, l’appauvrissement des sols, la perte de biodiversité et le dérèglement des écosystèmes, les pratiques agricoles doivent changer. Pour Jean-François, accompagner cette transition, c’est aller vers plus de labellisation, afin de  valoriser ces pratiques émergentes et permettre leur reconnaissance aux yeux de la société.

Les saisons passent et se ressemblent de moins en moins. C’est l’avis général que l’on peut entendre à travers  les conversations courantes. La mini canicule de cet été est encore dans la tête de beaucoup d’entre nous.

La quantité énorme d’énergies fossiles ( 85% de l’énergie mondiale est d’origine fossile : charbon, gaz, pétrole et uranium ) que nous consommons collectivement a pour conséquence d’augmenter  le taux ce CO2 et NOx , auxquels s’ajoutent les protoxydes d’azote (20% des GES) produits par l’agriculture industrielle par l’épandage d’engrais azotés. Ces gaz  à effet de serre  sont les responsables des désordres climatiques qui, entre autres,  diminuent les rendements agricoles.

Pourquoi ?  L’augmentation des températures, des saisons moins marquées entrainent le développement de bactéries pathogènes, d’espèces de ravageurs invasives jusqu’à présent rares, voire inconnues. Le manque d’eau entraine des stress hydriques des plantes, pouvant altérer de façon importante les récoltes, voire conduire à la mort de la plante.

Cette situation conduit des collectifs de paysan.ne.s à vouloir construire des retenues  colinéaires : une fuite en avant  sans limite…

Mais qu’en est-il des paysan.ne.s travaillant en agriculture bio et labellisée , qui ne pourront se rabattre sur toujours plus de pesticides et  d’engrais azotés  ?

Une des réponses sera sans doute l’utilisation des techniques agroécologiques : à travers des pratiques adaptées à l’environnement local,  ces techniques peuvent permettre une résilience accrue face  aux ravageurs et  une meilleure adaptation des espèces de plantes et d’animaux au climat.  Pour se mettre en place, l’agroécologie, et sa reconnaissance qui passe par la labellisation, demandera temps, main d’œuvre, temps d’échanges entre paysan.ne.s et formations. Dans ce contexte, les AMAP ont aussi leur rôle à jouer en soutenant les paysan.ne.s qui souhaitent aller vers des pratiques plus agroécologiques, vers une labellisation.

Les AMAP : un outil précieux pour accompagner le changement des pratiques agricoles

Les AMAP reposent sur le principe des engagements réciproques : les amapien.ne.s préfinancent et soutiennent le.la paysan.ne en cas d’aléas de production, tandis que les paysan.ne.s s’engagent à produire en s’affranchissant le plus possible des intrants chimiques divers, nocifs pour l’environnement et la santé.  En assurant une stabilité financière, en acceptant de partager les pertes en cas d’aléas, mais aussi en proposant un coup de main sur la ferme quand le besoin s’en fait sentir les AMAP peuvent être un acteur efficace du changement des pratiques.  Aller vers de nouvelles techniques, plus naturelles, adaptées à un environnement local demande du temps, de l’observation, et un réel investissement pour les paysan.ne.s. Les AMAP doivent être un appui financier et humain dans cette transition, pour l’accompagner et favoriser le changement.

La transition vers des pratiques agroécologique, et leurs reconnaissance à travers la labellisation, devra se faire ensemble : paysan.ne.s et consomm’acteur.rice.s, ainsi qu’organismes de certification.

Tout cela est un début de transition… mais elle se pense maintenant.

Jean-François Colin, administrateur du Réseau AMAP AURA.

Pour aller plus loin : le n°116 du Réveil Paysan, on vous conseille la lecture de l’article « Pesticides : Amorcer un plan de sortie ?«