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Conférence de Jacques Caplat aux Rencontres des AMAP

Publié le : 11 avril 2019

Compte-rendu par Jean-François Colin, administrateur du Réseau AMAP Auvergne Rhône-Alpes.

Jacques Caplat nous a dressé un rapide historique de la naissance de l’agriculture dans le bassin mésopotamien, mais aussi dans d’autres parties du monde, il y a environ 15 000 ans.

Le modèle choisi à la fin de la période des cueilleurs(es)-chasseurs(ses), lors de l’apparition de l’agriculture, a été, de concentrer les plantations d’une même espèce sur un même lieu «d’exploitation». C’est ainsi que l’on retrouve les premiers  champs de blé, en Mésopotamie, mais aussi les premiers champs de riz en Chine…Ce modèle d’agriculture a été choisi parmi d’autres modèles agricoles usités à cet époque. Jacques Caplat n’a pas développé le pourquoi de ce choix là, mais il est probable, qu’au commencement, il a permis de faire des réserves pour se prémunir de possibles aléas futurs.

Remarquons que cette démarche est à l’origine des premières pensées réductionnistes et a abouti à la constitution des premiers capitaux, des premières spécialisations professionnelles, les paysans étant les agents efficaces,  récupérateurs de l’énergie de la photosynthèse, libérant d’autres individus se vouant à d’autres tâches. Cette organisation a structuré la vie sociale.

Cette pensée réductionniste a pu gagner toutes les sphères de la vie sociale : à tout problème simple, une solution simple. Par opposition, il faut apprendre à connaître les systèmes.

Mais ce modèle de pensée bien utile pour poser les problèmes, a aussi ses limites que, jusqu’à présent, nous avons largement négligé.  Un exemple frappant pris par Jacques Caplat a été celui de l’azote. Nous connaissons tous le triptyque N,P,K qu’utilisent les paysans conventionnels comme fertilisants des sols . L’azote sous forme solide, mis dans les sols, se transforme en peroxyde d’azote qui est un gaz  à effet de serre 300 fois supérieur au CO2. Un épandage de 100 kg d’azote sur un hectare de terrain correspond à la pollution d’une voiture qui ferait 10 000 km ! D’où un premier intérêt bien compris du modèle agricole biologique, qui doit cependant aller plus loin dans le sens de l’agro écologie.

Ces conséquences non prévues rendent le modèle conventionnel de moins en moins performant… les paysans étaient en moins bonne santé, plus nombreux, (ils accentuaient la pression prédatrice, sur leur écosystème ) que les cueilleurs-chasseurs qui mangeaient de façon plus diversifiée.

Cette diversité génétique des plantes et des animaux, dont les cueilleurs chasseurs jouissaient, les paysans au fur et à mesure de leur sélection en vue d’augmenter leur rendement l’ont peu à peu perdue.

L’arrivée de la mécanisation et des intrants chimiques et pharmaceutiques (le round up, au départ était un antibiotique), qui ont multiplié par un facteur 500 les forces de production,  n’ont pas arrangé les écosystèmes.

De plus l’augmentation des rendements, s’est faite au détriment de la diversité génétique des plantes elles-même. Plus le rendement augmente, plus il faut les nourrir (intrants, eau) , plus il faut les protéger contre les champignons par exemple (utilisation de fongicides) contre les insectes (pesticides )…

En conclusion, il faudrait aller vers un système agroécologique qui tient compte de la biodiversité, en passant peut-être par la case de l’agriculture biologique, qui est actuellement la moins mauvaise des solutions. Une agroécologie paysanne et biologique, avec des fermes autonomes et à taille humaine serait une bonne option.

 Jean François Colin.

 

Photo : Andréa Blanchin, Réseau AMAP AURA