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Mobilisation des agriculteurs : décryptage du Réseau et appel à actions

Publié le : 31 janvier 2024

L’actualité met enfin l’agriculture au centre des discussions. Amapien·nes, paysan·nes en AMAP, sympathisant·es du mouvement, le Réseau vous partage son décryptage de la situation et vous invite à vous saisir de ce moment pour agir à votre échelle.

Qu’est-ce qu’il se passe avec les agriculteur·rices ?

L’actualité met enfin l’agriculture au centre des discussions. Ça montait… Il était temps. La situation des paysan·nes en conventionnel comme en bio est insupportable : rémunération inexistante ou très faible, même en bio, endettement, conditions de travail déplorables, épuisement, mépris, isolement. Ce n’est pas vrai pour toutes les fermes, mais c’est vrai pour beaucoup. Donc cette mobilisation parle à tou·tes les paysan·nes, y compris ceux qui commercialisent en AMAP et en BIO. Une belle solidarité sectorielle !

Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ?

Il y a d’abord la réalité des fermes du Sud-Ouest et du syndicalisme agricole d’Occitanie. Ils sont moteurs dans la mobilisation après une succession de crises d’une très grande violence depuis plusieurs années : grippe aviaire, MHE (maladie touchant les bovins), des aides PAC qui mettent trop temps à arriver, qui rémunèrent injustement la bio, un endettement qui se creuse, des contrôles accrus… et toujours, une bien trop faible rémunération.

Il y a ensuite cette « coagulation » de deux agendas politiques qui donne une immense visibilité au mouvement : les élections européennes en juin 2024 et ne l’oublions pas, les élections syndicales agricoles fin 2024. Cela n’explique pas tout évidemment, mais soyons bien lucides et repérons toutes les récupérations politiques grotesques par des organisations politiques et syndicales, qui n’ont rien fait pour protéger les paysan·nes des conséquences de la compétitivité par les prix, quand ils le pouvaient. 

Et enfin, des négociations commerciales sont en cours entre distributeurs et fournisseurs. Des négociations qui se termineront le 31 janvier 2024. De telles mobilisations pourraient mettre plus de pression à la grande distribution dont les pratiques sur les prix et les marges ne sont presque pas contrôlées. Paysan·nes et consommateur·rices en sont les premières victimes.

Notre Mouvement des AMAP dans tout ça ?

Le co-porte-parole du Mouvement des AMAP (MIRAMAP), Florent Sebban, était sur BFM pour réagir à ces discussions et rappeler quelques fondamentaux sur l’intérêt des normes environnementales et de la répartition des richesses. Des approches qui sont au cœur du partenariat AMAP que vous faites vivre chaque jour, vous, paysan·nes et amapien·nes. Mais nous savons qu’un changement d’échelle ne sera possible qu’avec un soutien clair et ferme des pouvoirs publics. Il a donc rappelé l’intérêt du projet de Sécurité Sociale de l’Alimentation.


A ce stade nous avons 5 messages :

  1. Solidarité complète avec les paysan·nes de toutes les filières, pour une rémunération juste ! 
    Il est inconcevable que 18% des paysan·nes vivent sous le seuil de pauvreté. Même si des fermes s’en sortent, l’endettement et l’absence de rémunération concernent aussi certaines de nos fermes en AMAP !
  2. Rémunération des paysan·nes et normes environnementales ne s‘opposent pas !
    Nous sommes fermement contre ces vieilles « solutions » proposées par la FNSEA/JA, visant à baisser les normes environnementales ! La crise climatique et la chute de la biodiversité sont bien là. Nous savons qu’il est possible de produire dans le respect de l’environnement. La reconnaissance du mode de production en agriculture biologique, débouchant ensuite sur le soutien à plus de pratiques agroécologiques paysannes comme l’agroforesterie, fait partie des solutions. Les paysan·nes doivent être bien rémunéré·es et soutenu·es dans cette démarche, plutôt qu’être mis en concurrence. 
  3. Il y a urgence à installer un maximum de paysans et paysannes sur les territoires !
    Il faut renforcer les moyens financiers pour accueillir et accompagner la diversité des profils intéressés par l’activité agricole. Le travail d’accompagnement des associations locales d’accompagnement en agroécologie paysanne et biologique doit être reconnu et intégré à la pluralité des acteurs de l’installation. En parallèle, il faut agir sur la transmission agricole, afin de pérenniser des fermes existantes en agriculture paysanne et enrayer le déclin du nombre de paysan·nes.
  4. L’information et le vote pour orienter les politiques publiques !
    Par son volume important d’aides en comparaison de la valeur marchande des produits agricoles, la PAC (Politique Agricole Commune) joue un rôle déterminant dans l’évolution de l’agriculture. Les prochaines élections européennes auront lieu le 9 juin 2024, nous pouvons agir en votant massivement pour des listes qui soutiennent une agroécologie paysanne qui favorise la biodiversité, qui s’engagent à lutter contre le réchauffement climatique et qui proposent l’instauration d’accords commerciaux équitables.
  5. Rejoignez la grande marche de l’alimentation qui se prépare dans toute la France le 6 avril (pour celles et ceux proche du Puy-de-Dôme, marchez à l’occasion des Rencontres Régionales du Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes), pour témoigner de votre solidarité et pour revendiquer une alimentation locale de qualité, durable, biologique, accessible à tou·tes et rémunératrice pour les paysan·nes !

NOTRE POSITIONNEMENT

Notre plus grande fierté collective est de proposer un système qui agit à la fois sur les enjeux de rémunération des paysan·nes, de protection de l’environnement et d’alimentation durable. Quelles que soient les filières, les risques inhérents à ce métier doivent être partagés et équilibrés entre tous les acteurs : producteurs, consommateurs et les intermédiaires. Le revenu des paysan·nes doit être sécurisé par des mécanismes de coopération, via par exemple une contractualisation entre parties prenantes, interdire l’achat de produits agricoles en dessous du prix de revient et par une réforme de la Politique Agricole Commune qui soutiendrait massivement et simplement les productions respectant l’environnement (retour des aides au maintien en bio, notamment). (…)

Un revenu juste pour les paysans et paysannes, un soutien clair à la transition écologique !

LES PROPOSITIONS DU COLLECTIF NOURRIR

Le MIRAMAP, Mouvement inter-régional des AMAP, est membre du Collectif NOURRIR. Réunissant 54 associations professionnelles, environnementales ou citoyennes, le Collectif œuvre à la refonte du système agricole et alimentaire et revendique la mise en place d’une Politique Agricole ET Alimentaire Commune.

Qu’est-ce que vous pouvez faire à votre échelle, d’ici là ? Pleins de choses ! 

Soyons actifs, car nous sommes tous et toutes concerné·es par cette crise !

Paysan·ne·s :

Amapien·nes : 

Vous n’êtes pas amapien·ne :

Toutes et tous :