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Retour sur les Rencontres Régionales 2018

Publié le : 30 mars 2018

Les Rencontres régionales des AMAP se sont déroulées le 24 mars 2018, à Saint-Eloi, dans l’Ain. Venu.es des quatre coins de la région et malgré le brouillard matinal de ce premier week-end de printemps, amapien-nes, paysan-nes, administrateur/rices et salarié.es, se sont réuni.e.s à partir de 9h45 dans la salle de l’école de la commune. Retrouvez ici l’article paru dans Le Progrès.

10h15 : Après une rapide présentation du programme de la journée et un petit tour d’horizon des personnes présentes, place aux ATELIERS ! Ces derniers, pour plus de dynamisme, ont pris plusieurs formes : débat mouvant et tempête de cerveau (retrouvez le déroulement de ces animations ici). Chaque atelier a réuni une quinzaine de personnes pour une durée d’une heure. Au terme des échanges, trois idées-forces devaient être identifiées afin d’être restituées en plénière, lors de la table ronde.

Voici les idées-forces retenues pour chaque atelier :


Élevage et consommation de protéines animales

Format : débat mouvant

Rappel : comment se décline l’agriculture paysanne dans le domaine de l’élevage ?
Pour résumer, on peut attendre d’un élevage paysan qu’il réponde aux exigences suivantes : une ferme diversifiée, la plus autonome possible (décisions, achats d’aliments, etc…), transmissible et donc à taille humaine, créatrice d’emploi, sans intrants chimiques ni pesticides.

– L’élevage paysan a de nombreuses finalités et ne peut se réduire à la production de viande : production de la fumure nécessaire aux maraichers et céréaliers, maintien de la biodiversité, entretien des paysages, traction animale, production de laine, cuir, bienfaits de la relation à l’animal etc…

– Le Réseau AMAP est légitime pour soutenir cette voix mais il ne doit pas le faire seul (association avec des partenaires pour avoir une vision large sur ces questions sensibles) ;

– Il faut être vigilant quant aux termes employés sur ces questions : ils ont leur importance. Exemple : « on ne mange pas des animaux, on mange de la viande » – L’élevage industriel n’existe pas : dès lors qu’il devient industriel, il faut parler de « production ».

Idées bonus :
-Les éleveurs en AMAP sont des éleveurs heureux !
-Le mouvement des AMAP est un mouvement d’inclusion plutôt que d’exclusion : chacun.e a une place à y prendre. On peut défendre une idée sans lutter contre les autres.

Comment faire vivre son AMAP ? Présentation du Réseau et de ses outils

Mise en contexte : Les outils présentés lors de cet atelier (disponibles sur le site du Réseau) ont été développés suite à la campagne téléphonique réalisée en 2016 auprès des AMAP afin de recenser leurs besoins et leurs attentes.

– Présentation de Clic’AMAP : c’est un outil de gestion en ligne. Chaque AMAP est libre de l’utiliser et de s’en saisir. Afin de faciliter sa prise en main, des formations gratuites sont dispensées par le Réseau. Des développements sont prévus en 2018, pour répondre aux attentes des paysan.nes et amapien.nes qui l’utilisent ;

– Le site et les outils développés par AMAPAuRA permettent une vraie mutualisation des informations et des bonnes pratiques ;

– Recherche de solutions pour le paiement en ligne sur Clic’AMAP: pour l’heure, aucune solution envisagée ne semble satisfaisante. Les prélèvements SEPA, par exemple, compliquent la tâche des paysan.nes : une transaction = une ligne comptable, contrairement aux remises de chèques.

Les AMAP demain : place et rôle dans la société

Format : tempête de cerveau, autour de quatre questions :

– quel est le rôle des AMAP sur le territoire ?

– comment les AMAP peuvent-elles être forces de proposition dans les Projets Alimentaires Territoriaux (P.A.T.) ?

– comment le modèle AMAP peut-il être décliné dans d’autres secteurs d’activités ?

– quelle utopie les Amap peuvent-elles porter pour demain ?

– Il est nécessaire de poursuivre dans le sens des AMAP pour continuer de développer la solidarité entre amapien.ne et paysan.ne, pour que les producteurs vivent de leur travail correctement. Il a été évoqué de mener une étude sur les raisons pour lesquelles certain.e.s paysan.e.s quittent l’AMAP. Cette étude pourrait permettre d’engager un travail sur les volumes à livrer pour des partenariats viables, en fonction des filières.

– Afin de permettre à chacun.e de faire le choix d’être en AMAP une meilleure communication peut constituer un bon levier. De la communication naît la conscientisation. Les AMAP ont vocation à éduquer la population : un des moyens d’y parvenir est d’en parler à travers des expériences et des chiffres significatifs.

– Après quinze ans de présence sur le territoire français, il faut rester dans une dynamique de remise en question et d’évolution du modèle. Pourquoi ne pas avoir un service de R&D et d’innovation pour le mouvement des AMAP ?

11H30 : ASSEMBLÉE GÉNÉRALE et expérimentation d’une nouvelle manière de soumettre les rapports au collectif: World Café et rapport moral à plusieurs voix ! Les rapports d’activité et financier ont été exposés sous forme d’affiches devant lesquelles chacun.e (au sein de 3 groupes qui tournaient) passait 10 minutes. Des membres du conseil d’administration et de l’équipe salariée se tenaient à disposition pour présenter les différents éléments et répondre aux questions. Le rapport moral a, quant à lui, été exprimé à plusieurs voix : les administrateurs et administratrices ont fait part, chacun.e leur tour, d’une action qu’il/elle avait mené dans l’année, grâce à sa casquette d’administrateur-trice : voici leurs témoignages ici. Cette assemblée générale a réuni une cinquantaine d’amapien.ne.s et de paysan.ne.s, venu.es de de l’Ain, d’Ardèche, de la Drôme, d’Isère, de la Loire, du Rhône et de Savoie.

Rapport financier (+ Le mot du trésorier)

 Rapport d’activités 2017 Réseau AURA

Une proposition d’échelonnage du montant de l’adhésion pour les ampien.ne.s a été faite. Le président a demandé l’accord à l’assemblée de mandater le conseil d’administration pour prendre une décision à ce sujet. En revanche, il a été convenu de conserver une flexibilité quant à ce montant, dans une démarche d’inclusion qui fait partie du mouvement des AMAP. L’assemblée s’est mise d’accord sur le fait, qu’à terme, l’objectif est bien d’augmenter le nombre d’adhésions (notamment celles des paysan.nes) et non le montant de la cotisation des Amapiens.

Concernant le Conseil d’Administration, il a connu cette année deux départs (Jean-Paul Pin et Maria Lupica) et quatre candidatures, qui sont approuvées par l’assemblée générale :

– Laurence Paccard, éleveuse de brebis et poulets de chair à Chambost-Longessaigne (69),

– Marie-France Vernier, amapienne à l’AMAP’apille (69),

– Jean-Pierre Mousset, amapien à l’AMAP du Creux (42),

– Ludovic Derue, maraîcher à Saint-Jean-La-Buissière (69).

Les autres membres ont renouvelé leur mandat et se réuniront donc lors du prochain CA qui aura lieu le Samedi 21 Avril à Saint-Etienne. Ces réunions sont ouvertes et chacun.e est donc libre de venir y participer. Retrouvez ici la liste actualisée des administratrices et administrateurs du Réseau AMAP AuRA.

13h00 (et quelques petites minutes de retard, chut…) : BUFFET PAYSAN à la ferme des Boyer. Un grand merci à Marie-Noëlle, Pascal et Valériane pour leur accueil chaleureux et leurs pains, fromages et pizzas : un vrai délice !

 

 

 

 

 

 

 

14h30 : TABLE RONDE

« Quelles agriculture et alimentation pour demain sur nos territoires ? »

Cette table ronde animée par Nicolas Gauthy, amapien à Couzon et ancien administrateur du Réseau, a réuni Honorine Périno, paysanne et réalisatrice cinématographique, Franck Bernard, directeur de la MJC d’Ambérieu et président de la Foncière Terre de Liens, Olivier Coche, éleveur en AMAP, Jacqueline Sélignan, maire de Saint-Eloi et présidente du SCOT Syndicat mixte Bugey-Côtière plaine de l’Ain et Jean-François Baudin, bibliothécaire, amapien à Irigny et président du Réseau.

L’ensemble de la discussion s’est déroulé de manière bienveillante et dans l’écoute. Chacun.e semble avoir trouvé un espace pour s’exprimer et les points de vue, même divergents ont pu être entendus. C’est d’ailleurs une des idées-phares à retenir de cette table ronde : la force réside dans la mutualisation des potentiels et expériences de chacun.e, associations, citoyen.nes, élu.es etc… Il ne s’agit pas de lutter contre mais bien d’agir avec. Cette valeur est déclinable à plusieurs niveaux et dans différents domaines. Elle a été le fil conducteur des échanges au sujet de la place actuelle et à venir de l’agriculture et de l’alimentation dans notre société:

– Parmi les leviers à activer collectivement et individuellement, la défense du foncier agricole semble être un élément majeur. La Foncière Terre de Liens est mobilisée sur ce sujet et invite ses membres à monter en compétences dans des domaines précis afin de pouvoir, notamment, représenter les citoyen.nes dans des instances de décisions (exemples : CDPENAF*, PAT). Elle dispense, pour cela, des formations à destination de ses adhérents et applique une politique de mutualisation : elle mène plusieurs actions en commun avec d’autres associations (dont le Réseau AuRA) et défend ce modèle. A l’avenir, davantage d’actions mutualisées avec le Réseau AMAP sont envisageables ;

*CDPENAF: Commission Départementale de la Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers. Article du réseau AMAP IdF concernant la place des AMAP dans les CDPENAF: ICI.

– L’éducation à l’alimentation est un enjeu majeur de l’évolution de la place de l’agriculture dans la société. La prise de conscience de l’importance d’une alimentation (et donc d’une agriculture) saine et respectueuse de l’environnement doit avoir lieu dès le plus jeune âge, notamment à travers les restaurants scolaires. L’exemple des restaurants du Val de Drôme est la preuve que la mutualisation des énergies et des moyens permet de dépasser de nombreux freins : ça bouge dans ma cantine ! Il n’est pas ici question de « revenir en arrière » en visant la gestion autonome de chaque restaurant (avec une cuisine et une équipe de cuisinièr.es par école) mais bien de faire « un pas de côté » pour s’écarter du modèle actuel en proposant des solutions nouvelles (restaurants mutualisés et fournisseurs locaux) ;

– Le modèle économique des AMAP a du poids, il ne faut pas le sous-estimer. Il semble nécessaire de rester ouvert à ce que d’autres associations entreprennent, pour en tirer des enseignements et asseoir la place des AMAP sur le territoire. Il faut pouvoir s’appuyer sur les autres modèles qui fonctionnent et en tirer le meilleur ;

– Alors qu’une vraie menace plane sur l’élevage paysan aujourd’hui (mouvements en faveur de l’abolition de l’élevage, opacité de l’information, …), il est primordial de vulgariser les décisions politiques et agricoles qui le concernent (PAC*), normes d’hygiène en vigueur). Chacun.e doit pouvoir se saisir des enjeux d’une disparition totale de l’élevage sur nos territoires, pour se positionner sur ces questions, en conscience. Cela passe par un accès à une information claire, complète et compréhensible. Le Réseau AMAP Aura réaffirme son envie de participer à la défense de cette troisième voie, entre abolition de l’élevage et production industrielle, à travers son projet sur l’élevage paysan. Par une entrée culinaire et vidéographique, cœur de projet 2018 conduit avec différents partenaires, il offrira une vision nouvelle et accessible de tout ce que comprend l’élevage paysan.

Pour poursuivre et conclure sur une note positive, en réaffirmant la puissance du collectif, rappelons-nous que les vrais politiques ce sont les citoyen.nes ! Ces rencontres régionales en sont la preuve et sonnent comme un espoir. « Ensemble, nous sommes le mouvement des AMAP ! »

* PAC : politique agricole commune

17h30 : « Semences du futur »

Les rencontres régionales se sont terminées par la projection du documentaire d’Honorine Périno « Semences du futur », au cinéma l’Horloge de Meximieux, en partenariat avec le Festival Les Herbes Folles.

Ce film permet de vulgariser et de mieux saisir les enjeux autour de la biodiversité cultivée. Nous encourageons et invitons toutes les AMAP à organiser des projections (droits autour de 150 euros ou au chapeau) et/ou à acheter le DVD (20 euros).

Un grand merci à toutes les personnes qui se sont mobilisées pour ces rencontres Régionales des AMAP 2018 et qui ont contribué à leur bon déroulement. A très vite sur les routes amapiennes !