Le site des réseaux d'AMAP en Auvergne-Rhône-Alpes
 

Atelier 5: Stop-pesticides dans notre alimentation

Publié le : 11 avril 2019

Stop-pesticides dans notre alimentation, retour sur l’atelier mené lors de la rencontre nationale des AMAP le 30 mars 2019 à Réaumont (38)

Animation : Magali Jacques, animatrice MIRAMAP

L’appel des coquelicots, l’affaire du siècle, les marches pour le climat, La 14ème semaine pour les alternatives aux pesticides (20 au 30 mars) … Dans ce contexte de mobilisation, l’atelier ‘stop-pesticides dans notre alimentation’ organisé le 30 mars 2019 à Réaumont a rassemblé une quinzaine de participant·e·s pour faire le point sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture française,  discuter des freins et des solutions pour se passer des pesticides chimiques de synthèse et dessiner des propositions collectives pour l’avenir du Mouvement des AMAP.

Quand on dit ‘pesticide’, vous pensez à quoi ? Les participants s’expriment “pollution, mort, tuer, armement, altération de la conscience, impasse, production de masse, poison, fongicide-herbicide, contradiction” mais aussi “utopie, solution, alternatives”… Parler des pesticides peut être anxiogène, c’est en prenant le temps de comprendre, croisant et analysant ces problématiques dans une approche globale que l’on peut gagner en pouvoir d’agir.

Jacqueline Collard de l’association SERA Santé Environnement Auvergne Rhône-Alpes (https://www.sera.asso.fr/) dont le but est de mener des actions en santé-environnement, créer des synergies, mieux connaître, informer et mieux prévenir des pollutions industrielles, des sols de l’eau, de l’air… est intervenue pour partager avec le groupe ce que sont les pesticidespestis ‘fléau, maladie’ et –cide de caedere ‘tuer’- , leurs impacts et risques sanitaires sur le vivant, les jeux d’acteurs actuels notamment sur la place des lobbyistes de l’agro-industrie chimique…Sans revenir ici sur l’ensemble de ces sujets aujourd’hui bien documentés (cf références bibliographiques), soulignons ici la critique acerbe de Jacqueline sur “la manipulation et le contrôle des experts” et la désinformation ambiante.

Pour un participant, choisir l’angle d’attaque de la nocivité des pesticides pour sensibiliser le grand public n’est pas peut-être pas la bonne approche. Manger étant essentiel pour vivre, il propose de discuter plutôt autour de la question ‘peut-on nourrir tout le monde sans pesticide ?’ S’ensuit un échange de nombreux arguments pour conclure que oui, c’est possible ! (cf références bibliographiques). Cela suppose un rééquilibrage de nos régimes alimentaires, une transition agro-écologique, une réduction du gaspillage alimentaire, et donc une profonde transformation du secteur agricole et de notre rapport à l’alimentation …

Voici quelques pistes identifiées pour renforcer nos actions individuelles et collectives dans le Mouvement des AMAP au regard de situations partagées par certain·e·s participant·e·s :

Situation : Je suis sensibilisée aux problématiques des pesticides… mais je ne parviens pas à mobiliser autour de moi, dans mon entourage proche, professionnel ou non,  pour des changements alimentaires, d’opinions… Que faire ?

Pour l’un, c’est en se formant pour être capable d’argumenter, d’expliquer, d’échanger et de travailler nos contradictions ; pour un autre, “si on cherche à convaincre, car ça ne marche pas”, il vaut mieux proposer directement des alternatives (exemple : dans notre entreprise, à 2,3 on a décidé de changer le café par du bio équitable, les gens l’ont trouvé bon et ils l’ont ainsi adopté en douceur, sans polémique). Pour une autre “aller chercher les gens” n’est pas la bonne solution, soyons simplement exemplaires. D’autres portent l’idée que c’est en proposant, en faisant découvrir des possibles, et en stimulant les esprits et surtout les papilles , qu’il peut y avoir des déclics : à force de manger les bons légumes de l’AMAP chez vous, vos amis auront envie d’y venir !

Autre situation : Dans notre AMAP, certains des paysans.ne.s de l’AMAP ont recours à des pesticides … Que faire ?

Première réaction : “ne pas diaboliser” ! Un participant nous explique qu’un des paysan de l’AMAP va bientôt partir à la retraite et ne transformera pas maintenant ses pratiques. L’Amap continue son partenariat avec lui jusqu’à sa retraite et ils espèrent que les repreneurs convertiront la ferme. Pour lui, l’enjeu est alors plutôt d’aider des jeunes à s’installer en agroécologie paysanne. Pour un autre, il est essentiel en AMAP de faire des choix de paysan·ne·s partenaires 100% bio et défendre la labellisation AB en étant critique du règlement bio européen pour qu’il aille plus loin. La présence d’une adhérente de Nature et Progrès vient ouvrir l’échange sur l’enjeu de démocratiser la certification avec les systèmes de garantie participatifs. L’expérience de 2 ans impulsée par l’Inter-AMAP Pays-Basque avec 10 paysan·ne·s en AMAP qui utilisaient des pesticides chimiques de synthèse pour engager un diagnostic au regard de la Charte des AMAP a été partagée dans le groupe. Elle démontre que la transition agro-écologique des fermes demande de travailler en profondeur les freins et d’adopter une démarche et posture d’accompagnement adéquate visant l’autonomie de décision de chacun·e sans dogmatisme ni jugement de valeur. (Lire la fiche expérience).

“l’AMAP est un outil d’aide à la conversion”, “Nous aussi on est en conversion, comme nos paysans”

Pas de recette miracle, mais des propositions pour avancer ! 2 enjeux forts pour l’avenir de notre mouvement seraient à retenir :

-En tant que mouvement d’éducation populaire, nous avons à nous outiller collectivement pour accompagner la transition agricole et alimentaire : construire et porter un discours commun, nous former, apprendre à parler de ces enjeux et à comprendre les “mécanismes du changement”, provoquer des moments d’échanges, rendre compréhensibles et accessibles ces questions, les défis et alternatives possibles et être force de proposition !

-Les AMAP sont des outils collectifs d’aide à la conversion. Développer des coopérations entre les AMAP d’un territoire et d’autres organisations de l’accompagnement agricole pour permettre la formation et l’installation de paysan·ne·s en agroécologie paysanne et accompagner la transformation des pratiques agricoles des fermes est un moyen d’action à renforcer !

L’atelier se termine sur une photo collective ‘Nous voulons des coquelicots’ en écho de l’action ludique ‘pétition-photos’ qui peut être menée lors de livraisons de votre AMAP !

 

 

 

 

 

 

Ressources bibliographiques :

Photo : Andréa Blanchin, Réseau AMAP AURA