Campagne « Abattoirs paysans: Éleveurs, consommateurs: tous engagés! »
L’élevage paysan et l’abattage de proximité impliquent des modes de consommation responsables et des relations directes entre les producteurs, les transformateurs et les consommateurs. A chaque fois que nous mangeons de la viande ou des produits laitiers, nous sommes coresponsables de l’élevage de ces animaux et des conditions d’abattage.
Dans le cadre du projet « TRAPPAPAE », lauréat du programme « Animation Régionale des Partenariats pour l’Innovation et le Développement Agricole » de 2019, et avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes, la FADEAR et la Confédération paysanne ont animé un groupe de travail en partenariat avec l’ADDEAR 42, Jacques Alvernhe, l’AFAAD autour du thème de l’abattage de proximité. Grâce au travail d’Etienne Signolet-Bigallet, stagiaire pendant 6 mois au Réseau AMAP AuRA, trois documents illustrés ont été produits:
– « Récits expériences de paysans et paysannes » reprenant le témoignage de 8 éleveur.se.s investis dans des projets d’abattoirs paysans,
Sensible au devenir de l’alimentation dans le respect des conditions de production et de travail et la bientraitance des animaux d’élevage, le réseau régional AMAP Auvergne Rhône-Alpes a souhaité rencontrer les éleveurs d’ores et déjà engagés dans une démarche de construction de projets autour de l’abattage de proximité. Ces rencontres se sont déroulées au cours de l’été 2020 et ont permis de recueillir les témoignages d’éleveurs impliqués dans la reprise d’abattoirs à gouvernance collective, ou bien de porteurs de projets de camions-abattoir ou de caissons d’abattage se déplaçant sur les fermes.
Les initiatives paysannes prises en exemple dans ce recueil d’expériences montrent qu’un changement de pratique dans la production de viande n’est pas seulement possible pour le maintien de l’élevage, il est indispensable. L’émergence des projets présentés dans ce recueil a permis de répondre à la fois à un impératif de protection animale, mais aussi à une nécessité de maîtrise de cette étape cruciale de la production de viande.
Mettre en œuvre un projet local et paysan d’abattage reste toutefois un parcours long, semé d’embûches et de contraintes réglementaires et économiques. La force du collectif et l’appui d’organisations paysannes et/ou citoyennes sont essentiels pour surmonter certaines de ces difficultés.
Mais l’accompagnement du déploiement de l’abattage de proximité sur le territoire ne pourra pas se passer d’un accompagnement par les pouvoirs publics. A Saint-Auban comme à Guillestre, l’implication des collectivités a été un élément-clef de réussite du projet.
Il appartient désormais à ceux et celles-ci, consommateurs et usagers, en partenariat avec tous les acteurs concernés, de se saisir de ces exemples, de cette expertise, et des espaces de mutualisation déjà existants, pour faire pression auprès des pouvoirs publics et des élus les représentant et accélérer l’essaimage et la diffusion des expériences d’abattage paysan sur les territoires.
Contribuant ainsi au maintien d’un élevage durable dans la biodiversité, à l’amélioration des conditions de travail des éleveurs comme des opérateurs d’abattoir, et en fin de compte à la bientraitance des animaux d’élevage.
– « Éleveurs, consommateurs, tous engagés! pour une fin digne des animaux »: apportant un éclairage de la situation de l’abattage en France et donnant les arguments pour soutenir l’abattage de proximité.
En France, le nombre d’abattoirs de boucherie[qui avoisinait les 400 en 2003, a fortement diminué ces dernières années pour atteindre les 250 début 2019. Cette baisse est accompagnée par une monopolisation économique de l’abattoir par quatre grands groupes privés et un déséquilibre géographique marquée par une concentration dans le grand ouest au dépend d’autres régions désertifiées. Aujourd’hui, de nombreux éleveurs situés dans les zones touchées par cette disparition ne trouvent plus d’abattoir pour faire abattre leurs bêtes en particulier lorsqu’ils ont choisi une commercialisation par les circuits courts (AMAP, vente directe, magasin de producteurs…). De plus, certains éleveurs n’ayant plus le choix de l’établissement d’abattage doivent se résoudre à faire abattre dans des abattoirs dont ils réprouvent les pratiques ou le modèle.
Le secteur de l’élevage, et plus généralement de la production de viande, est actuellement au cœur d’enjeux qui invitent à repenser profondément son modèle. Premièrement, la crise économique et sociale que subit l’élevage français du fait de la concurrence internationale, en particulier les filières industrielles. Deuxièmement, la sensibilisation croissante de nos concitoyens à la question de la maltraitance animale et de l’empreinte environnementale, liée notamment à la production de viande. Et enfin, de nombreux consommateurs soucieux de consommer des produits respectueux des hommes, des animaux et de l’environnement s’orientent vers une relocalisation de leur alimentation en plébiscitant les circuits-courts.
La loi Alimentation votée en 2018 témoigne aussi d’une volonté de faire évoluer les pratiques d’abattage en ouvrant notamment la voie à une expérimentation des outils d’abattoirs mobiles pour une durée de 4 ans (Article 73).
Alors que les exigences des consommateurs en termes de respect des animaux et de consommation locale sont grandissantes, la réappropriation des solutions d’abattage de proximité par les éleveurs est plus que jamais d’actualité. Si la proximité des abattoirs est une première garantie de réduction des délais de transport des animaux, ce n’est pas pour autant la garantie d’un bon abattage. Alors que la défiance des consommateurs envers les abattoirs est à son paroxysme, il est nécessaire de faire de ces abattoirs de proximité des outils irréprochables et à la mesure des attentes sociétales.
Le livret souhaite démontrer que l’abattage de proximité, prolongement logique de l’élevage paysan, est une alternative qui peut permettre de valoriser l’agriculture locale mais aussi d’assurer une plus grande transparence pour les consommateurs. Il reflète la volonté de nos organisations d’offrir aujourd’hui des espaces de rencontres entre éleveurs, élus et mangeurs pour aborder cette question sensible, sortir de l’entre-soi paysan et convaincre le grand public du bien fondé de ces projets.
– une carte interactive actualisée des projets d’abattoirs paysans en France, qu’il s’agisse de projets d’outil fixe ou mobile bientôt disponible sur le site de la Confédération Paysanne.
La mise en exergue de ce travail s’adresse aux consommateurs et aux usagers d’abattoirs mais aussi à l’ensemble des éleveurs, pour les engager à se saisir de ces exemples, de cette expertise et des espaces de mutualisation déjà existants, et faire pression auprès des pouvoirs publics et des élus les représentant pour accélérer l’essaimage et la diffusion des expériences d’abattage paysan sur les territoires. Elle permet aussi de recréer le lien entre les consommateurs citoyens et un approvisionnement local en denrées de qualité issues d’un élevage éthique et équitable.
Ces documents sont accessibles gratuitement sur demande au siège de la Confédération Paysanne à Bagnolet (Fabien Champion <fchampion@confederationpaysanne.fr>) ou celui du Réseau AMAP AuRA à Lyon (Amélie Charvériat<coordination@amap-aura.org>), mais également par envoi postal avec frais de port et en consultation libre en ligne sur le site du Réseau AMAP AuRA.