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Ces AMAP qui luttent contre la précarité alimentaire – retours d’expériences

Publié le : 16 juillet 2019

Déserts alimentaires, injustice et précarité alimentaire, scandales des « faux steaks hachés »… Et si c’était aussi le rôle des AMAP que de lutter contre la précarité alimentaire et de favoriser l’accès de tous – petits budgets compris – aux produits paysans ? En tout cas, c’est l’engagement qu’ont déjà pris plusieurs AMAP ! A tel point que le Réseau AMAP AuRA se questionne : comment accompagner les AMAP qui le souhaitent à lutter contre la précarité alimentaire dans leurs territoires ?

Voici les exemples de quelques AMAP qui expérimentent des actions :

L’AMAP de la Tricastine (26) a mis en place un partenariat avec les Restos du Cœur. L’objectif est de permettre à cette association caritative de s’approvisionner chez le maraîcher de l’AMAP pendant toute la saison hivernale, saison pendant laquelle elle sert des repas aux personnes en situation de précarité. En moyenne, l’AMAP finance l’équivalent de deux paniers par semaine auprès du maraîcher, qui se charge ensuite de distribuer des cagettes de légumes une fois par mois aux Restos du Cœur.

Pour financer cet approvisionnement, les AMAPiens ont la possibilité de faire, au moment de l’adhésion, un don qui est fléché sur la solidarité avec les Restos du Cœur. En moyenne, 50% des 600 euros nécessaires sont financés par ces dons. Les 50% restants sont financés par l’AMAP (via les adhésions par exemple).

L’AMAPentes, à Lyon (69) a été créée 2007 par l’association La Passerelle d’eau de Robec, également en charge d’une épicerie sociale et solidaire, le Marché des Canuts. L’objectif est de favoriser une mixité sociale des publics dans l’épicerie et d’apporter un soutien citoyen au fonctionnement de l’épicerie.

D’une part, les AMAPiens qui adhèrent à l’AMAP sont invités à adhérer à l’épicerie sociale et solidaire, à laquelle ils ont également accès (pour les produits non issus du don alimentaire). D’autre part, sur chaque panier acheté au paysan, un surcoût est appliqué et reversé à l’épicerie. Ainsi, via l’adhésion et ce surcoût, la solidarité AMAPienne contribue à faire vivre l’épicerie qui accueille un public bénéficiaire de l’aide alimentaire.

Enfin, les bénéficiaires peuvent expérimenter les paniers de l’AMAP ponctuellement en informant les producteurs d’une semaine sur l’autre. Ce dispositif permet de surmonter la contrainte que peut représenter l’engagement pour des personnes n’ayant pas de visibilité sur leur budget d’un mois à l’autre, et ne pouvant pas avancer la trésorerie. Pour ces bénéficiaires de l’épicerie, le surcoût solidaire n’est bien sûr pas appliqué. Ces contrats ponctuels peuvent parfois déboucher sur de réels contrats d’AMAPiens.

L’AMAPopote lyonnaise (69) s’est montée avec un fonctionnement proche des épiceries sociales et solidaires : à leur adhésion, les AMAPiens peuvent choisir entre deux tarifs, un tarif « solidaire » ou un tarif « social » pour les AMAPiens qui ont moins de moyens. L’objectif de ce « Projet Accès pour tous » est de favoriser un public mixte, notamment l’arrivée d’étudiants, dans l’AMAP et de favoriser la solidarité inter-AMAPiens.

La mutualisation des prix des paniers redistribués entre les contrats permet à certains de payer plus et à d’autres de payer moins, en fonction des moyens de chacun. Les AMAPiens choisissent le contrat qui est adapté pour eux, sans avoir à justifier de niveaux de revenus. La confiance est de mise.

Enfin, pour que l’AMAP tourne, il a été calculé qu’il fallait compter 2/3 de paniers conventionnels pour 1/3 de paniers solidaires.

L’AMAP Les paniers de la Côtière (01) a mis en place des paniers solidaires en partenariat avec le Secours Catholique. Une convention de partenariat est rédigée entre l’AMAP, le Secours Catholique et le maraîcher. L’AMAP réunit en début d’année les fonds nécessaires pour payer deux contrats légumes supplémentaires (via du mécénat d’entreprise, une subvention de la Mairie, et les dons des AMAPiens proposés lors de l’adhésion). Le maraîcher livre les deux paniers supplémentaires chaque semaine. Le Secours Catholique s’occupe ensuite de proposer à deux familles bénéficiaires du don alimentaire de venir chercher les paniers.

Le Réseau AMAP des Hauts de France a constaté l’existence de nombreuses initiatives diverses et variées d’AMAP pour proposer des paniers solidaires et une difficulté récurrente de ces AMAP : le financement de ces paniers. En effet,  certaines AMAP peinaient à rassembler les sommes nécessaires ou faisaient face à des diminutions voire fins de subventions qui ne leur permettaient plus de continuer leur projet de paniers solidaires.

Face à ce constat, et en partenariat avec la FNAB régionale et le Réseau des Jardins de Cocagne régional, qui partagent le même diagnostic et la même volonté de soutenir les projets de leurs adhérents, ils ont monté un fond de dotation. Le fond de dotation est une association à part entière capable de récupérer des dons privés, d’entreprises et de particuliers, et de les reverser en soutien aux initiatives locales. Ce projet est en cours d’expérimentation et devrait bientôt permettre aux AMAP qui le souhaitent de monter un projet « paniers solidaires », soutenu financièrement par ce fond de dotation. Le fond de dotation aura vocation à soutenir l’achat des paniers solidaires et l’animation de temps d’accompagnement des bénéficiaires (sensibilisation à l’alimentation, ateliers cuisine etc…).

Des maraîchers en AMAP ont expérimenté un accompagnement solidaire qui pourrait se dupliquer en partenariat avec des AMAP.

Accompagnée du CIVAM de la Drôme (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural), une paysanne-maraîchère a monté un partenariat avec une épicerie sociale et solidaire. La maraîchère dédie une parcelle de sa ferme à la culture de légumes de garde qui reviendront à l’épicerie sociale et solidaire. Les bénéficiaires de l’épicerie sont invités à participer à quelques journées de chantier sur la ferme pour découvrir la ferme, le métier de maraîcher, les joies du jardinage, et partager un repas. Dans ce cas, la maraîchère est solidaire en dédiant sa parcelle et en la cultivant presque gratuitement pour le public de l’épicerie.

Une AMAP pourrait participer à un tel partenariat en co-finançant la parcelle dédiée à l’épicerie et en participant aux journées de rencontres sur la ferme.

Pour plus d’infos, voir le film La part des autres (en prêt au Réseau)

Votre AMAP a monté un projet pour lutter contre la précarité alimentaire ? Racontez-nous et contactez Bénédicte: service-civique2@amap-aura.org