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Élevage plein air : on se laisse pas abattre !

Publié le : 21 octobre 2021

Le ministère de l’agriculture a pris fin septembre deux arrêtés pour favoriser le confinement des volailles en cas de risque de grippe aviaire. Une réponse technique qui menace directement les élevages de plein air et qui vient fragiliser des éleveur.ses déjà touchés par les mesures sanitaires trop souvent adaptés qu’aux élevages industriels. Lourdement touchés par les contrôles de salmonelle effectués dans l’environnement des poules et non sur les poules ou sur les œufs, les élevages plein-air sont particulièrement visés par ces contrôles et doivent en conséquence au contrôle positif abattre l’ensemble des poules. Et sans possibilité de contre-analyse.

Absurdes. Pour Carole Sanchez, éleveuse de poules pondeuses et de volailles de chair dans le Vaucluse, les arrêtés pris fin septembre par le ministère de l’agriculture pour enrayer les prochaines épidémies de grippe aviaire n’ont pas de sens. Jamais la maladie, qui arrive généralement en Europe avec les oiseaux migrateurs, n’est apparue dans son département.

Pour respecter les nouveaux textes, pourtant, cette agricultrice installée à une trentaine de kilomètres à l’est d’Avignon devrait mettre toutes ses bêtes en bâtiment, diviser par huit la place attribuée à chaque volaille, ne plus utiliser de tracteur sur les espaces parcourus par les bêtes, ne plus faire passer son chien de travail. C’est ce qu’impose le risque « modéré » dans lequel le ministère de l’agriculture a classé l’ensemble du territoire depuis le 10 septembre, avec la réapparition de cette influenza (nom scientifique de la grippe) à la fin de l’été en Belgique et dans les Ardennes.

C’est l’exact opposé de ce que Carole Sanchez fait aujourd’hui, dans son élevage fermier bio, où les volailles vont et viennent à l’air libre, passant à leur guise par une trappe entre le poulailler et l’extérieur, et disposant d’une surface moyenne de 4 m² par bête.

« En termes de bien-être animal, c’est évident que les poules sont mieux ainsi, explique l’agricultrice à Mediapart. Mais elles ont aussi de cette façon accès à une diversité alimentaire, à la lumière naturelle, et au final ce sont des bêtes qui auront fait beaucoup plus d’exercice et seront plus musclées que des volailles élevées en cage. La viande est infiniment meilleure… »

En AMAP aussi, nous défendons ces nos éleveurs.ses de volaille plein-air, nous permettons aux consommateurs d’avoir accès à une alimentation de qualité et nous participons à la pérennisation des systèmes agricoles durables (socialement, économiquement, sanitairement et environnementalement)  oui mais ce que nous défendons est en danger,  il est temps d’agir!

comment faire?

La Confédération paysanne et le Modef étaient mobilisés,  jeudi  14 octobre 2021 place de République à Paris, pour défendre l’élevage plein-air menacé de disparaître par la nouvelle réglementation « grippe aviaire ». Une dizaine d’éleveurs et d’éleveuses, des responsables nationaux de la Confédération paysanne, dont son porte-parole Nicolas Girod, étaient présents. Toutes et tous ont pu échanger avec des consommateurs et consommatrices à l’occasion de cette vente symbolique des « 10.000 derniers œufs plein air ». Étaient présents des éleveurs et éleveuses du Lot, du Gers, de Dordogne, du Gard, de l’Aisne, de l’Oise, du Jura, du Rhône, du Var, du Vaucluse, du Calvados et d’Ile-de-France.
Mardi 26 janvier 2021, une centaine de personnes avaient déjà fait prendre l’air à des poules pondeuses et partagé une omelette géante devant la Préfecture du Rhône, pour protester contre la réglementation salmonelle, inadaptée au plein-air.
Des paysan.nes et de consommateurs.trices du Réseau AMAP Auvergne Rhône-Alpes ont répondu présents !
Plus de 77 000 poules issues de 7 élevages de la région lyonnaise ont déjà été abattues préventivement, après un contrôle positif à la salmonelle dans les litières et parcours. Des élevages de toute taille sont concernés, y compris des gros élevages appliquant des mesures de biosécurité drastiques. La production locale d’œufs est en péril.
Cette action intervient alors que la Confédération paysanne, dont le porte-parole national Nicolas Girod était à Lyon ce mardi, a déjà interpellé à plusieurs reprises le Ministère et n’a toujours pas eu de retour.
Une petite délégation a rencontré le cabinet du Préfet ainsi que la Directrice de la DDPP (Services vétérinaires) du Rhône, et espère bien que nos revendications remonteront au Ministère pour que celui-ci remette à plat complètement cette réglementation salmonelles.
Dans sa version actuelle, elle constitue un couperet insupportable pour les élevages plein air : un test positif, sur parcours ou litière, et c’est l’abattage de tout le troupeau ! Sans que les œufs, ni les poules ne soient testés !
En conséquence, il est urgent et nécessaire d’entamer un véritable travail de concertation, que la Confédération paysanne réclame auprès des autorités. Les propositions de la Conf’ :
Ce travail doit se faire au sein des différentes filières, notamment avec des représentants des petits élevages fermiers et tous les acteurs de ce dossier, pour continuer à faire disparaître les toxi-infections à la salmonelle, sans faire disparaître les éleveurs et éleveuses !

Témoignage d’Angélique Lassonnery

Angélique Lassonnery, éleveuse de poules pondeuses bio. Photo Progrès/Joël PHILIPPON

Écoutez le témoignage d’Angélique Lassonnery :

Pétition : pour l’élevage de volailles en plein air toute l’année

>> Signer la pétition <<

Pétition en écho à la manifestation qui a eu lieu mardi dernier pour interpeller l’État sur le danger qui plane sur toute la filière plein-air face à la réglementation salmonelle !
Elle est portée par le MODEF et la Confédération paysanne qui revendiquent en particulier :
  • Le maintien de la dérogation « plein air »*, dérogation obtenue grâce à votre soutien en 2017 (merci encore !) ;
  • La dés-intensification de la production de volailles en période à risque** ;
  • L’obligation effective de l’élevage en plein air toute l’année pour utiliser l’appellation « plein air » ou « fermier », dans le respect des cahiers des charges des signes officiels de qualité ;
  • Le respect des engagements de réduction des transports des animaux vivants pris par les grands opérateurs économiques au sortir de la crise de 2017.
A signer pour :
  • la défense des producteur-ice-s de volaille plein air et le bien-être de leurs animaux
  • permettre aux consommateurs d’avoir accès à une alimentation de qualité
  • pérenniser des systèmes agricoles durables (socialement, économiquement, sanitairement et environnementalement)
Vous pouvez signer en tant qu’amapien-ne, paysan-ne, AMAP et réseau d’AMAP !
* dérogation permettant aux « petits producteurs » de maintenir leurs canards en extérieur (donc de ne pas avoir à les confiner) en période à risque. Une disposition similaire existe pour les volailles de chair et les poules pondeuses.
** réduire le nombre d’animaux en élevage notamment dans les exploitations de taille importante

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