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Plaidoyer pour soutenir l’agriculture biologique

Publié le : 5 juillet 2024

Ce plaidoyer a été écrit par un membre du Conseil d’administration du Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes suite au webinaire « Le label AB, pourquoi est-ce important pour les luttes paysannes ? » mené le 04 juin 2024

« Le Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes a organisé ce mardi 4 juin un webinaire sur les labellisations dans l’agriculture et les aliments, dans le but d’en savoir plus encore sur les pratiques agricoles à l’œuvre derrière ce que nous mangeons, sur la commercialisation des nutriments et la qualité des produits livrés aux consommateurs.

Nous avons appris qu’il existe 4 principaux labels en agriculture bio, en parallèle des labels que je qualifie de « territoriaux » et des autres labels ou appellations « opportunistes » (HVE ou agriculture raisonnée par exemple).

Certain·es des intervenant·es présent·es au webinaire militent également à la Confédération Paysanne. Ils nous ont décrit que cette organisation syndicale défend en premier lieu les conditions de travail de ses adhérent·es. Ce syndicat est composé de petits paysans dont la moitié pratiquent l’agriculture biologique, et l’autre reste en agriculture « conventionnelle ». Ces syndicalistes paysans mettent l’accent sur la solidarité et pour cela, ils travaillent en réseau avec des associations d’aide à la paysannerie ou encore avec les AMAP.

Pendant cet échange, j’ai constaté une certaine détresse des paysans dont les pratiques agricoles en agriculture biologique sont plus contraignantes que celles de l’agriculture conventionnelle. Le fait d’être mis au même niveau que leurs pairs en agriculture conventionnelle, qui, je le rappelle, impactent massivement la biodiversité, l’équilibre des nappes phréatiques et enfin la santé publique, est perçu comme démoralisant, voire démobilisateur.

Il me semble donc important de rappeler que notre organisation soutient les bonnes pratiques de l’agriculture biologique, qui sont d’ailleurs le cœur historique du contrat AMAP : payer ses aliments en avance en échange de l’obtention d’une nourriture saine (cf Teikei au Japon).

Il est crucial de soutenir la Confédération Paysanne aux prochaines élections des chambres d’agriculture (en début d’année prochaine), mais nous ne pouvons gérer à leur place la question de la moitié de leurs membres restant attachés à l’agriculture conventionnelle.

Tout me porte à penser que les pratiques agricoles en culture biologique doivent être la première phrase d’une agriculture qui fonctionne avec le vivant, avant de poursuivre par des étapes agroécologiques à définir. Les pratiques biologiques ont l’avantage d’être mesurables et quantifiables par des organismes certificateurs indépendants, auxquels on peut associer de manière paritaire consommateurs et paysans (ce que fait par exemple le label « Nature et Progrès »).

La critique qui est faite au label AB est que son cahier des charges porte uniquement sur la question des produits de synthèse, mais ne prend pas en compte l’aspect éthique et humain, ce qui peut mener à des dérives d’industrialisation de l’AB. C’est pour cela que la FNAB a travaillé à l’élaboration du label « Bio Cohérence » pour lequel le cahier des charges est plus complet à cet endroit. Malgré tout, cela est un point sensible : il est facile de contrôler des techniques par le biais d’analyses, mais il est plus complexe (et plus onéreux) d’apprécier de « bonnes » conditions sociales ou encore une bonne gestion de la biodiversité.

Le chantier reste ouvert, et sans vouloir opposer frontalement des pratiques, des conditions de travail, ou encore des visions sociétales, il faut dire nos choix. À l’instant où j’écris, ma réflexion me conduit à soutenir les pratiques de l’agriculture biologique. Je me réjouis que les AMAP soient présentes pour accompagner et soutenir les paysan·nes souhaitant entamer une conversion vers l’AB. Bien entendu, le débat entre nous reste largement ouvert… »