Pour encourager un modèle qui va contre la logique du libre-échange, votons aux prochaines élections professionnelles agricoles !
Nous l’entendions en filigrane dans nos échanges avec les paysan·nes en AMAP de la région, la mobilisation agricole grondait encore depuis janvier 2024, et devait tôt ou tard ressurgir. « Ce qui a manqué, c’est une réflexion de fond sur la place de l’agriculture au sein de la société » nous disait un paysan lors de notre campagne de communication de l’automne.
Depuis le début de la semaine, les mobilisations ont donc repris, dénonçant l’accord de libre échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie) en cours de négociation au Brésil. Les conditions de production du secteur alimentaire sud américain ne sont pas équivalentes aux normes en vigueur dans l’espace européen : les productions agricoles concernées (viande, soja, betterave à sucre, miel…) entreraient alors en concurrence déloyale avec les productions nationales, tirant les prix et les exigences vers le bas.
La ratification de cet accord d’un autre temps encouragerait un modèle agricole toujours plus intensif, entrainant l’exploitation de grandes surfaces, la déforestation et maximisant l’utilisation de pesticides. Le modèle agricole paysan défendu par le mouvement des AMAP en subirait les conséquences, en terme d’accès au foncier et de pollution notamment. Et que dire de l’impact de ces échanges dans une époque où les émissions de CO2 doivent être drastiquement diminuées ?
Face à la reprise du mouvement agricole, un paradoxe perdure : ces mobilisations sont globalement portées par la FNSEA, syndicat majoritaire, alors que celui-ci encourage précisément des problématiques environnementales préoccupantes. Prenons les conséquences de l’agriculture intensive sur la pollution de l’eau : les inspections générales de trois ministères dénonçaient il y a quelques jours le mauvais état des ressources hydriques et la dégradation alarmante de la qualité de l’eau potable en France, pour cause de contamination par les pesticides et leurs produits de dégradation (voir les articles publiés par Le Monde « Pesticides : trois inspections générales pointent l’« échec global » de la protection de l’eau potable » et « L’eau potable des Français menacée de non-conformité par un polluant éternel« ). Il est urgent de réorienter les pratiques agricoles, et pour cela, de ne pas encourager un contexte de production concurrentiel.
Heureusement, une échéance approche : entre les 15 et 31 janvier 2025, chaque agriculteur·rice sera appelé·e à voter pour définir la composition des chambres agricoles départementales et régionales. Quelques unes des missions stratégiques de ces chambres sont par exemple d’accompagner les personnes souhaitant démarrer un projet agricole, ou encore d’assurer la représentation des agriculteur·rices auprès des pouvoirs publics (pour approfondir, nous vous invitons à lire le communiqué du MIRAMAP sur lequel nous nous alignons).
Les valeurs défendues par le mouvement des AMAP sont pacifiques : réconcilier la société avec l’agriculture, engager la transition écologique, en finir avec le libre-échange des produits agricoles, installer des milliers de nouvelles fermes, garantir un revenu juste à celles et ceux qui nourrissent le pays, etc. Ces revendications sont majoritairement portées par des syndicats comme la Confédération Paysanne, ou en partie par le MODEF, dont les positionnements sont aujourd’hui sous-représentés au sein des chambres. Nous vous laissons vous informer sur les propositions portées par les différents syndicats en lice mais nous souhaitons encourager tous les paysan·nes de la Région Auvergne-Rhône-Alpes : en janvier, allez voter, ces élections importent, nous sommes à vos côtés !
Plus d’info sur les élections professionnelles agricoles : https://www.pole-inpact.fr/IMG/pdf/pourquoi_voter-fadear-inpact_2024.pdf
En attendant, qu’est-ce que vous pouvez faire à votre échelle ?
Paysan·ne·s :
Préparez-vous à voter entre les 15 et 31 janvier 2025 pour participer à définir la composition des chambres départementales ou régionales ! Vos clics en janvier pourraient apporter une pluralité indispensable, même minoritaire, dans les instances et commissions des chambres d’agriculture. Renseignez-vous sur le processus électoral ici !
Amapien·nes :
Discutez de ces élections avec vos fermes partenaires ou avec d’autres paysan·nes que vous croisez, car ces élections vous impactent aussi à travers l’alimentation et la santé.
Vous n’êtes pas encore amapien·ne :
Rejoignez une AMAP proche de chez vous ! S’inscrire en AMAP, c’est être solidaire avec les paysan·nes. C’est s’émanciper des prix de marché pour assurer aux agriculteur.ices une relation apaisée à leur métier, qui leur laisse le temps de travailler sans polluer, tout en conservant un prix accessible au plus grand nombre !
Vous pouvez aussi nous soutenir en faisant un don au Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes.